Introduction : Le Parcours d’un Photographe Pas Comme les Autres
Je m’appelle Nicolas Navrot, mais beaucoup me connaissent sous le nom de NED. Si on m’avait dit un jour que je ferais de la photographie mon métier, j’aurais sûrement ri.
Parce que, pour être honnête, la photo n’était pas censée être mon chemin. J’ai commencé jeune, sans jamais envisager que cela devienne une carrière. Au départ, c’était juste un moyen d’expression, un exutoire.
Nicolas Navrot. 2023 ACB
Ma passion pour la photographie s’est imposée progressivement, presque malgré moi. J’ai découvert, au fil du temps, que cette discipline permettait d’allier le plaisir à un travail rigoureux. C’est devenu une extension de ma sensibilité. Et au final, j’ai appris qu’il était possible de vivre de sa passion, tant qu’on y met du coeur et qu’on continue à se faire plaisir. C’est là, pour moi, le plus important. Aujourd’hui, mon parcours est marqué par des moments de dépassement, des rencontres, des récompenses – notamment lors de la fête des Lumières de Lyon – et une exploration inépuisable des rues et des lumières de cette ville que j’aime tant.
Sur les toits de Lyon. Workshops photo avec des élèves et photographes sur le toit de la basilique notre dame de Fourvière.
1. Lyon : Plus Qu’un Décor, Une Histoire et Une Inspiration
Lyon n’est pas qu’un simple décor pour moi. C’est une ville qui m’a offert une infinité de perspectives, de lumières et d’ambiances différentes. La photographie de Lyon, c’est bien plus qu’une question de bâtiments et de ponts ; c’est une quête d’instants uniques, d’atmosphères changeantes qui rendent chaque prise de vue unique. J’ai commencé par prendre en photo les bâtiments et les rues, en explorant chaque coin et recoin. Puis, avec le temps, ma recherche s’est transformée, m’amenant à chercher des angles inédits, à grimper sur les toits, parfois même à me risquer dans des endroits interdits pour obtenir le cliché parfait.
Une rencontre marquante a été celle avec Frédéric Monin, un photographe chevronné qui m’a initié à des spots secrets de la ville, comme cette vue incroyable depuis Croix-Rousse où l’on peut admirer tous les ponts de Lyon. Cette soirée douce, passée avec lui, a ancré en moi l’envie d’explorer davantage. Aujourd’hui, chaque prise de vue est une manière de renforcer ce lien que j’ai avec Lyon, de capturer non seulement sa beauté mais aussi son âme.
2. La Photographie : Une Passion en Constante Mutation
La photographie, pour moi, est bien plus qu’un simple clic sur un déclencheur. C’est un art qui demande de la patience et un sens de l’observation aiguisé. Quand je prends des photos, je ne suis pas là pour collectionner des images rapidement, mais pour m’imprégner d’un lieu, d’une atmosphère. Il faut accepter de ne pas tout voir, de ne pas tout capturer en un seul instant. Rester sur un lieu, s’y ancrer, permet de faire évoluer son regard, de se laisser surprendre par des détails qu’on n’avait pas perçus au premier abord.
Nicolas Navrot et son équipe en train de capturer un homme qui danse la nuit dans les rues de Lyon
Cette approche méditative de la photographie est cruciale pour moi. En prenant le temps, je découvre des angles, des ombres, des lumières qui se révèlent uniquement à ceux qui savent être patients. C’est comme un bon café qui doit maturer pour atteindre son plein potentiel. Cette patience m’a souvent récompensé, me permettant de capturer des images que je n’aurais jamais pu anticiper dès le départ. Dans un monde où tout va si vite, savoir s’arrêter et observer est devenu un luxe précieux que j’essaie de cultiver dans chacune de mes séances photo.
3. Techniques et Conseils : De la Pose Longue aux Téléobjectifs
Au-delà de l’approche contemplative, j’utilise des techniques spécifiques pour sublimer mes clichés de Lyon. L’un de mes outils favoris est la pose longue, surtout à l’heure bleue, cette courte période où le ciel prend une teinte douce et mystérieuse. La pose longue permet de capturer le mouvement, de donner une dimension presque magique aux clichés. En pleine journée, j’utilise souvent un filtre ND pour contrôler l’intensité de la lumière, notamment au bord des fleuves qui traversent Lyon, le Rhône et la Saône.
Un autre de mes conseils : ne vous limitez pas aux objectifs classiques. Les téléobjectifs, souvent sous-estimés, offrent une perspective unique en compressant les plans, ce qui permet de superposer des éléments de manière créative. C’est ainsi que j’obtiens des effets où la basilique de Fourvière semble presque posée derrière la tour du Crédit Lyonnais, ou encore des vues où l’on a l’impression que Fourvière se trouve juste au-dessus de la place Bellecour. Travailler avec des longues focales oblige à repenser la composition, à réfléchir aux perspectives, mais cela ajoute une profondeur et un impact visuel inégalés.
4. La Dimension Humaine : Les Mariages et Les Moments de Vraie Vie
La photographie de mariage, pour moi, est un exercice particulier, car elle capture l’émotion pure, la simplicité de moments authentiques. Il ne s’agit pas simplement de figer des sourires ou des poses conventionnelles, mais d’immortaliser ces instants fugaces et intimes entre les gens – une mère qui ajuste le voile de sa fille, des frères et sœurs qui échangent un regard complice, des amis qui se remémorent des souvenirs d’enfance. Ce que je cherche à rendre intemporel, ce sont ces émotions brutes qui parlent d’elles-mêmes et qui, une fois sur le papier, défient le temps.
Mariés dans les vignes, capturant un moment intime lors de leur mariage à Lyon avec Nicolas Navrot
Mon travail dans la photographie de mariage est une lutte perpétuelle contre l’éphémère. Je me considère comme un témoin, celui qui doit saisir ces détails que les mariés eux-mêmes pourraient manquer dans l’effervescence de leur journée. C’est une guerre temporelle, où chaque cliché est un petit triomphe sur l’oubli. Photographier un mariage, c’est une manière de raconter une histoire sans paroles, de figer des émotions que l’on pourra revivre encore et encore, bien après que la journée elle-même soit passée.
5. La Créativité au Service des Affiches et Spectacles
Un autre domaine où j’aime particulièrement m’investir, c’est la création d’affiches pour des spectacles. Contrairement aux reportages ou aux shootings d’entreprise, où il faut produire une multitude d’images, la création d’une affiche de spectacle requiert une attention extrême au détail et à la composition. Une seule image doit réussir à capturer l’essence d’un spectacle, à attirer le regard, tout en racontant une histoire en un seul coup d’œil.
Affiche officielle du spectacle Flashback de Félix Le Braz, un retour humoristique sur la génération VHS, par Nicolas Navrot.
Ce type de photographie mobilise toutes mes compétences : graphisme, stratégie de communication, psychologie de l’image. À chaque nouvelle affiche, je me demande quel message je souhaite transmettre, quelle cible je veux toucher, et comment rendre cette image inoubliable. C’est un exercice passionnant et très challengeant, car il nécessite une parfaite maîtrise technique mais aussi une compréhension profonde de la psychologie visuelle. Comme un réalisateur qui travaille avec des effets spéciaux basés sur du réel, je m’efforce toujours de me baser sur des éléments concrets pour construire des visuels marquants.
6. Mon Processus de Retouche : Le “Smooth” et l’Abattement
La retouche, pour moi, n’est pas un moyen de transformer la réalité, mais d’en révéler la beauté cachée. Mon approche est ce que j’appelle le “smooth”, ou l’art de retoucher en subtilité. Il s’agit de procéder par petites touches, en ajustant chaque paramètre de manière mesurée, afin de rester proche du naturel. Mon mantra, c’est l’abattement : même quand j’ajuste la luminosité ou le contraste, je finis toujours par réduire l’intensité de mes modifications pour rester fidèle à l’authenticité de la scène capturée.
Je compare cela à un chef qui assaisonne un plat : même si l’instinct pousse parfois à en faire un peu trop, l’expérience m’a appris qu’il est souvent préférable de s’en tenir à la demi-mesure pour obtenir un résultat équilibré. C’est un travail minutieux qui demande de la patience, mais je crois fermement que chaque photo mérite ce niveau d’attention. Mon but est de créer une sensation de réel sublimé – un rendu qui fait dire aux gens : “C’est incroyable, c’est comme si j’y étais”, même si l’image a été développée avec soin.
7. Dépasser Ses Peurs et Grandir par la Photographie
Si je devais résumer ce que la photographie m’apporte, ce serait un dépassement constant de mes propres limites. Chaque fois que je sors mon appareil, je m’engage à affronter mes peurs, à explorer de nouveaux territoires, à rencontrer des inconnus. La photographie de rue, par exemple, m’a poussé à aller vers les autres, à découvrir leurs histoires, leurs visages. Ce travail sur moi-même est essentiel : c’est grâce à la photographie que j’ai appris à grandir, à m’ouvrir au monde et à m’enrichir à travers mes rencontres.
Nicolas Navrot, pendant uns stage photo, avec des modèles photo.
Mon collectif, Lyon Sortie Photo, et notre plateforme d’évènement autour de la photo en sont l’illustration parfaite. Ce groupe de passionnés m’a non seulement permis de partager ma passion, mais il m’a aussi offert un espace de rencontres et de croissance personnelle. Grâce à chaque personne que je rencontre lors de nos événements et workshops, je continue d’apprendre et de progresser. Au final, ce sont les autres qui m’ont le plus influencé et qui ont changé ma vision de la photographie. La photographie est pour moi une aventure humaine autant qu’artistique.
8. La Curiosité : Moteur de Ma Pratique Photographique
Enfin, s’il y a bien une qualité essentielle en photographie, c’est la curiosité. Elle est le moteur de mon travail, celle qui me pousse à explorer des recoins inconnus, à expérimenter des techniques nouvelles, à chercher des perspectives inédites. Sans curiosité, il n’y a pas de passion, et sans passion, il n’y a pas d’évolution. C’est cette envie de découvrir et de comprendre qui donne du sens à mon travail.
La curiosité, c’est aussi ce que j’essaie de transmettre lors de mes stages et ateliers. J’encourage toujours mes élèves à se poser des questions, à tester des choses, à aller au-delà de ce qu’ils croyaient possible. Car c’est en nourrissant cette soif de découverte que l’on grandit, en tant que photographe mais aussi en tant que personne.
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Conclusion : Mon Mantra et Ma Vision de la Photographie
Si je devais résumer mon approche en quelques mots, ce serait : “Dépasser mes peurs et grandir”. La photographie, pour moi, est un chemin d’évolution personnelle autant qu’artistique. Chaque clic, chaque rencontre, chaque moment passé derrière l’objectif est une opportunité d’apprendre, de grandir, et de capturer un peu de cette beauté que nous offre le monde.
Moment d’émotion entre des mariés lors de la cérémonie. ACB 2023
En tant que photographe, je cherche à figer l’éphémère, à raconter des histoires en une fraction de seconde, à créer des images qui résonnent et touchent. Que ce soit lors d’un mariage, d’une séance de portraits, ou d’une sortie photo dans les rues de Lyon, mon but est toujours le même : transmettre une émotion, faire ressentir aux autres ce que j’ai moi-même perçu au moment où j’ai appuyé sur le déclencheur.
Nicolas
Photographe professionnel au Studio Bellecour à Lyon, fondateur de Lyon sortie photo, j'écris des articles et j'organise des évènements autour de la photographie à Lyon.
